Par Lucien Chardon
En d'autres temps, j'aurais usé du pamphlet pour les flétrir ces oligarques de France qui volent d'ignominies en prévarications ; mais ce serait aujourd'hui ajouter de la violence à la violence, quand nous sommes déjà rassasiés de haine.
À dénoncer, à accuser, à dispenser l'opprobre, à proférer la vindicte par tous les canaux de la propagande moderne, ils inondent le peuple de détestation. Les torts qu'ils blâment sont imaginaires, mais le dol est réel, le préjudice est là pour ceux qu'ils opposent.
Pendant qu'ils pérorent en moralisateurs putrides, les tâches qui leur incombent, leurs responsabilités réelles, ils les dédaignent. Ici est l'injustice. Les faibles purgent la double peine : ils se déchirent entre eux, et sont pas protégés des vicissitudes du temps.
Parce que c'est assez d'exécration, assez d'imprécations, assez de partis jetés les uns contre les autres dans un esprit de saint-barthélémy permanente, comme une nuit de cristal sans aube, parce que j'aspire à la concorde et à la merci, je ne vitupérerai pas, je ne dresserai ni pilori ni barricade ni drapeau. Je demanderai seulement miséricorde, miséricorde et douceur. Que la paix soit chez nous.